La pensée magique de la CORPIQ

« La pénurie de logements est du passé… ou presque » titrait Le Soleil samedi, se faisant ainsi le porte-voix de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). Il paraît que « les taux d’innocupation remontent ». Heille, faudrait pas prendre les lecteurs pour des imbéciles, ça fait cinq ans qu’on nous dit que « les taux d’innocupation remontent » ! Alors qu’un « marché équilibré » se situe à 3%, le taux global d’innocupation est actuellement de 1,5% dans la région de Québec, ce qui est passablement inquiétant. Le représentant de la CORPIQ a le culot d’affirmer que seul « les gens pas organisés » risquent de se retrouver à la rue le premier juillet. Non, mais, quel mépris ! Même « très organisé » c’est à peu près impossible pour une famille à revenu modeste de trouver à se loger. Là où la pénurie de logement se fait réellement sentir c’est du côté des logements abordables. La réalité c’est qu’il n’y a pas de grand logement libre en bas de 500$ par mois. Il ne faudrait pas oublier que les loyers ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation depuis le début de la crise du logement. La CORPIQ ajoute l’insulte à l’injure : après avoir allègrement profité de la crise, les proprios voudraient maintenant que le gouvernement finance leurs loyers trop chers en accordant des subventions aux locataires désargentés plutôt que de construire plus de logements sociaux. Je suis radicalement contre ! Subventionner les propriétaires privés pour aider les locataires, ça va pas ? Outre le fait que les Suppléments au loyer privé coûtent plus cher que le logement social (eh oui!), de telles subventions n’apportent rien à la société sur le long terme. Avec le logement social, quand une personne réussi à améliorer sa situation, la communauté se retrouve avec des appartements qui forment un actif important pouvant ensuite aider d’autres personnes mal pris. De l’autre côté, avec le Supplément au loyer privé, il ne reste rien. Il faut absolument poursuivre le développement de logements sociaux, l’arrêter ne rendrait service à personne… à part peut-être aux membres de la CORPIQ. Désolé messieurs les représentants des proprios mais votre « solution » reviendrait à jetter de l’argent par les fenêtres. Et ça, le Québec n’en a pas les moyens.