À en croire le bruit de fond qui nous tient lieu de débat politique, les familles de classe moyenne seraient au coeur des préoccupations de tous les partis, en particulier de ceux de droite. Le dernier budget, et ses baisses d'impôt, aurait même été écrit pour nous. À croire que tout ce qu'on a besoin c'est de plus d'argent dans nos poches...
L'argent... Maudit argent! C'est vrai que c'est un problème. On manque toujours de cash et on tire le yable par la queue. C'est clair net et précis qu'il y a du monde qui rush plus que nous --les vrais de vrais pauvres-- mais c'est pas la joie pour autant dans les chaumières de classe moyenne. Ceci dit, me semble qu'il y aurait mieux à faire que des baisses d'impôt.
Au mieux, les baisses d'impôt c'est quelques centaines de dollars de plus par année. Pas de quoi fouetté un chat. Si le gouvernement avait une politique de développement économique digne de ce nom, on aurait peut-être pas besoin de ces baisses d'impôt là. Depuis 2002, il s'est perdu 250 000 emplois industriels syndiqués au Canada. Des jobs de classe moyenne. Heureusement, pas mal tout le monde s'est retrouvé un emploi. Mais à quel prix? D'après Statistique Canada, les gens ont perdu 25% de revenu dans la transition. Drette, frette, sec c'est 10 000$ par année par tête de pipe de moins dans nos poches. Et il y a tout ceux qui gardent leur job. Que ce soit dans le public ou dans le privé, la pression est forte pour se fermer la trappe, rentrer dans le rang et accepter des baisses de salaire. C'est pas les baisses d'impôt qui vont compenser pour ça. La droite se fout de notre gueule quand elle attaque tous les syndicats un peu remuant qui, comme chacun sait nuisent à l'économie, tout en disant le faire au nom de la classe moyenne... qui, évidemment, n'est pas syndiquée (évidemment, il n'y a que les "privilégiés" de syndiqué, tout le monde sait ça!).
Non content d'attaquer nos salaires à proprement parler, la droite veut aussi attaquer notre salaire social. L'impôt, c'est pas juste de l'argent qui sort de nos poches et qu'on revoit jamais. Les programmes sociaux, c'est un salaire social. Et c'est financé par l'impôt. Ça coûte toujours moins cher de payer de l'impôt que de financer les services directement. Sous couvert de nous redonner de l'argent, ils vont nous appauvrir parce que tôt ou tard ils vont sabrer dans le salaire social. Et nous, ben on va casquer avec les hausses de tarifs.
Un exemple niaiseux. Dans le dernier budget le gouvernement aurait pu choisir d'investir 200 millions pour créer 20 000 places de garderie de plus (une promesse libérale). À la place, il baisse les impôts. Pourtant, il manque de place en garderie et ça ne peut qu'aller en empirant avec le mini baby-boom qu'on vit actuellement. Et c'est qui qui rush avec les listes d'attente et les tarifs de fou du privé? Les baisses d'impôt ne compenseront pas pour ça...
On a le choix. On écoute les sirènes de la droite et on s'enfonce dans le chacun pour soi et au plus fort la poche. Ou bien on se revire de bord, on réalise que la classe moyenne d'aujourd'hui c'est pas mal la même affaire que la classe ouvrière à grand-papa, on se sert les coudes et on se tient debout. Ensemble. M'enfin.