Salon du livre anarchiste à Montréal - l'ordre sans le pouvoir
Caroline Montpetit
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 mai 2007
Aujourd'hui s'ouvre à Montréal le 8e Salon du livre anarchiste, qui lieu au CEDA, centre communautaire de la Petite-Bourgogne, au 2515, rue Delisle. On y attend plus de 100 exposants qui présenteront surtout des livres, mais aussi des oeuvres d'art, des films et des conférences.
L'événement se passe dans les deux langues, et ses exposants viennent autant du Québec que de la France, de la Belgique, des États-Unis, de l'Ontario et de la côte ouest.
«Il y a environ la moitié des exposants qui viennent de Montréal, et l'autre moitié qui viennent d'ailleurs», dit Louis-Frédéric Gaudet, des Éditions Lux, qui participe à l'organisation de l'événement.
Ce serait, promet-on, l'occasion de feuilleter des livres qui ne sont pas en librairie, bien que la librairie L'Insoumise, sur la rue Saint-Laurent près d'Ontario, se spécialise dans les publications relatives au mouvement anarchiste.
Tous les anarchistes ne sont pas regroupés en association, mais certains anarchistes québécois se retrouvent dans la North Eastern Federation of Anarcho-Communism, qui publie, en français, la revue Ruptures, et en anglais, la revue The North Eastern Anarchist.
Le mouvement anarchiste québécois a récemment retenu l'attention des médias, alors que le président de la FTQ, Henri Massé, l'associait au vandalisme.
«C'est simplifier la question que de la poser seulement de cette façon-là [sur la base de la violence], dit Louis-Frédéric Gaudet. Dans la tradition anarchiste, il y a eu, au XIXe siècle, un mouvement qui se réclamait de la propagande par le fait. Il voyait dans l'assassinat sélectif, politique et économique, une tactique propice au renversement du capitalisme...»
Selon M. Gaudet, cette tendance s'est manifestée à une période précise, durant quelque 20 ou 30 ans, et on s'en est ensuite largement servi pour discréditer le mouvement anarchiste.
M. Gaudet, quant à lui, préfère se réclamer de Proudhon, théoricien français à qui on attribue la fondation de l'anarchisme, qui définissait son idéal comme étant «l'ordre sans le pouvoir». Gaudet ajoute d'ailleurs que des études d'anthropologie ont désigné certaines sociétés autochtones, par exemple, comme étant anarchistes, c'est-à-dire jouissant d'une démocratie «sans intermédiaire». Cet «ordre naturel» a pour valeurs essentielles l'égalité et la fraternité. Louis-Frédéric Gaudet retrouve aussi des formes d'anarchisme durant la guerre civile espagnole, dans les années 1930, ou en Russie, au début du siècle dernier.
Dans cette optique, l'anarchisme cesse d'être un mouvement qui ne s'intéresse qu'aux marginaux de la société. Et l'association de ce mouvement à la culture punk ou aux jeunes de la rue est un mythe, dit Louis-Frédéric Gaudet. «Il y a aussi des militants en défense des droits humains qui se réclament de cette tendance», dit-il.
À signaler - l'ordre sans le pouvoir
Le Salon du livre anarchiste de Montréal selon Le Devoir :